Le Docteur Parnassus a fait un pacte avec le Diable: en échange de l'immortalité, sa fille, quand elle aura seize ans, lui appartiendra. Arrive alors Tony qui va essayer de maîtriser tout cela...
La gestation du dernier film de Terry Gilliam à ce jour (son Don Quichotte malgré Robert Duvall et Ewan McGregor est retombé à l'eau) fut pour le moins dramatique. Alors que l'équipe du film est en congéavant de faire les prises de vue pour les passages dans les mondes, un malheureux jour de janvier 2008, Heath Ledger nous quitte alors qu'il s'apprête à connaître le triomphe qu'il aurait toujours dû avoir (en l'occurence son interprétation du Joker dans TDK). Etant le héros du film, Gilliam se trouve dans une impasse: foutre en l'air le film ou essayer de recoller les morceaux. Il choisira la seconde solution. Il change le scénario, histoire de justifier les changements de visage et engage Johnny Depp (qui avait tourné avec Gilliam dans Las Vegas Parano et aurait dû incarner Sancho Panza), Jude Law et Colin Farrell. Outre le héros, on retrouve également Christopher Plummer, Lily Cole, Andrew Garfield, Tom Waits, Verne Troyeret Peter Stormare. L'imaginarium du docteur Parnassus sera finalement présenté à Cannes en 2009 et distribué dès l'automne. La critique se verra plus sympathique,compte tenu des circonstances, mais les fans de Gilliamresteront sur leur fin. L'ayant vu tout récemment, cela m'a évité une trop grande frustration car L'imaginarium n'est pas un des meilleurs films du Monty Python, même si c'est déjà mieux que Les frères Grimm.
On a connu le Python beaucoup plus inspiré, mais il faut aussi remettre l'entreprise dans son contexte. Gilliam a essayé de meubler avec un élément dramatique et sur ce point, on ne peut que comprendre ce manque d'inspiration embrouillée. (attention spoilers) Par exemple, la mort de Tony sous les traits de Farrell part dans un suréalisme parfois incompréhensible, au point de ne plus s'y retrouver. Dans le genre un peu bâclé, voilà une scène assez invraisemblable malheureusement. Outre cela, le dilemme du diable provoquant Parnassus pour qu'il lui donne sa fille a un dénouement pour le moins improbable aussi. En d'autres termes, il prend la vie de Tony ou rien du tout pour qu'elle puisse vivre sa vie. Un final pour le moins incompréhensible par moment et qui n'aide pas du tout! Le film met également trop peu de temps à montrer les séquences de rêves, de loin les plus intéressantes. On peut prendre cela comme un manque de budget (malgré son casting, il ne s'agit en rien d'un blockbuster) surtout qu'une bonne partie est allé dans les effets-spéciaux de ces séquences, plutôt réussis par ailleurs. Mais c'est quand même dommage de ne pas plus les développer. Le principal intérêt de ces voyages est que Tony aka Heath Ledger change de visage. Une thématique qui marche dès que Garfield découvre que Tony change de visage. Alors notre perception apparaît justifiée et pas un banal accessoire comme on pouvait se douter. (fin des spoilers)
Reste que l'interprétationpeut varier. Johnny Depp s'en sort peut être le mieux, même s'il nous ressort le même numéro que Jack Sparrow. Jude Law n'est pas forcément un grand choix, même s'il reste correct. On ne le sent pas dans l'univers de Gilliam et c'est dommage car quand Law sort du normal, il peut être souvent bon (preuve en est dans le magnifique Gatacca). Quant à Farrell, il exagère parfois affreusement le personnage en jouant une sorte de magnat psychopathe et frappadingue. Un surjeu qui rappelle quelques autres performances tout en cabotinnage forcé telle que le rôle du Tireur dans Daredevil. Un peu soulant au bout d'un moment. En bref, le rôle étaitréellement fait pour Ledger à la fois dépressif et jouissif.On pourra également regretter que le film met énormément de temps à se mettre en place. Le film mettra pas loin de trente voire quarante minutes à montrer le personnage de Tony. Avant, on aura une longue exposition qui ne mettra pas forcément en bouche, surtout qu'en dehors d'une séquence express, le spectateur n'assiste à aucun rêve voire reste dans les ténèbres. Plummer apparaît quelque peu fatigué, Garfield est moins convaincant que d'habitude et Lily Cole s'en sort avec les honneurs.
Un film correct et qui sauve les meubles d'un décès malheureux.